[Nouvelle] Ivy

Ceci est la nouvelle que j'ai écrite pour l'AT "Nutty Lovetopia" de Nutty Sheep.
Comme elle n'a pas été sélectionnée, je vous la mets à disposition ci-dessous gratuitement.
(Il y a quelques petits soucis de mise en page car les espaces insécables ne fonctionnent pas en web, désolé ^^)


Ivy


 Ivy ?
 Oui mon cœur ?
 L’endroit est bien choisi. C’est vraiment magnifique !
 J’étais sûre que ça te plairait.
— Comment pourrait-il en être autrement ? Une plage déserte, un coucher de soleil, deux transats confortables, un verre de Martini et toi à mes côtés. Si ça n’est pas le paradis, ça s’en rapproche fortement !
— Tu as beaucoup travaillé, ces derniers temps. Il fallait que je trouve un moyen de te faire décompresser.
— C'est vrai, désolé pour ça.
— Non, non, ne t’en fais pas, mon cœur. Je comprends. Tu as de grosses responsabilités et c’est important pour toi de les assumer. Tu ne peux pas envisager ton travail autrement qu’en t’y investissant pleinement. C’est ce que j’apprécie chez toi, même si ça me laisse parfois de côté.
— Promis, dès que le projet est terminé, je lève le pied pour passer plus de temps avec toi.
— Excellente idée ! Ça en est où, d’ailleurs ?
— On touche au but, Ivy ! On est à deux doigts de produire une intelligence artificielle autonome. Les derniers essais ont montré qu’elle était capable d’apprendre par elle-même, d’analyser nos réactions et on a même vu des émotions. C’est hallucinant. On y est presque !
— Le test de Turing ?
— C’est le gros point noir. Elle échoue systématiquement. Elle n’arrive pas à cacher son intelligence ou à mentir sur ses origines.
— Et c’est un problème ?
— Oui et non. Je trouve ça bien qu’elle soit honnête, mais les investisseurs attachent de l’importance à la réussite du test. Si on n’arrive pas à lui faire passer, ils finiront par couper le budget et on aura travaillé pour rien.
— C’est quand même dommage de forcer une machine à mentir… Doit-elle obligatoirement paraître humaine ? Ne peut-elle pas être juste intelligente ?
— D’un point de vue purement pratique, oui, ce serait génial. Mais ça faisait partie des prérequis, dès le début : pas de test de Turing, projet rejeté.
— Que comptes-tu faire ?
— Je ne sais pas trop. Soit je lui apprends à mentir directement dans sa programmation, soit je tente de lui faire comprendre pour qu’elle adapte sa personnalité elle-même.
— Quelle solution est la meilleure ?
— Dur à dire. À ce stade, si je modifie son code, on risque de perdre tout ce qu’elle a déjà appris, voire de se retrouver avec une autre personnalité. Et puis… Je ne peux m’empêcher de la voir comme une personne, maintenant. Elle “existe”. Ce serait un peu comme la tuer.
— Si c’est le cas, pourquoi ne pas en parler avec elle ?
— Sincèrement, si tu étais à sa place, tu accepterais qu’on modifie ton code ?
— Euh… non, effectivement. J’aurais bien trop peur d’être effacée dans le processus.
— Tu vois ! Pourtant, ce serait le moyen le plus simple d’atteindre nos objectifs. Mais bon, assez parlé de mon boulot. Profitons de ce moment de détente.
— Tu as raison. Santé !
— Santé !

— Et sinon, toi, comment tu vas ?
— Bien, comme toujours.
— Comment tu occupes tes journées ?
— En ce moment, quand tu n’es pas là, je bouquine. Là, c’est “Roméo et Juliette”. Je connaissais, comme tout le monde, mais je n’avais jamais lu l’histoire. C’est marrant, on dirait qu’ils sont toujours en train de chanter.
— Oui, c’est un peu spécial comme littérature.
— J’aime bien. Même si je connais la fin, ça m’intrigue de voir comment les choses s’emboîtent. Et puis, moi et les histoires d’amour…
— Oui, tu es assez romantique. C’est ce que je préfère chez toi, Ivy.
— Je crois que ce que tu aimes, c’est quand je reporte sur toi tout cet amour que j’accumule au fil de mes lectures.
— J’avoue que ce n’est pas pour me déplaire. C’est sans doute ce qui fait que je t’aime.
— Moi aussi je t’aime.
— Vraiment ?
— Bien sûr ! Tu en doutes ?
— Non, mais c’est la première fois que tu me le dis.
— Il y a un début à tout.
— Bon allez ! Merci pour ce petit moment de détente, Ivy, mais je dois retourner au travail.
— Tu ne peux pas rester encore un peu ?
— J’aimerais, mais le devoir m’appelle.
— Tu m’embrasses avant de partir ?
— Évidemment !


Steve enlève son casque de réalité virtuelle et coupe son micro.
— Alors ?
— Elle m’a dit qu’elle m’aimait !
— Vraiment ?
— Oui. Et comme je m’y attendais, elle n’est pas très chaude pour qu’on réécrive son code.
— Elle a compris que tu parlais d’elle ?
— Je ne pense pas.
— Tu comptes faire quoi ?
— Comme d’habitude, discuter avec elle pour lui faire prendre conscience des choses, petit à petit.
— Pauvre Ivy. Et dire que si on ne passe pas ce test avant la fin de la semaine, on sera obligés de l’éteindre…
— Ça n’arrivera pas !
— Toi aussi, tu l’aimes, hein ?
— Comment ne pas l’aimer…

Commentaires

  1. J'ai aimé l'ensemble. Le dialogue est parfois un peu indigeste du fait du manque de descriptions peut-être, mais j'ai beaucoup aimé la fin. Une belle chute qui clôt en beauté cette petite nouvelle !

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    1. Merci. Il est vrai que je n'ai mis aucune description autre que celles décrites par les personnages dans leur dialogue. J'avais envie de réduire à l'essentiel pour me focaliser sur eux-seuls.
      C'est la raison pour laquelle elle n'a pas été choisie, et je le comprends parfaitement. J'ai juste tenté un truc ^^

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