Ces auteurs autoédités aigris

Bon, je vais essayer de me calmer en écrivant cet article, car je suis tombé une énième fois sur une conversation entre auteurs et éditeurs décriant les indépendants, et ça me met hors de moi.

Dans cet échange, on peut lire des choses telles que :
« Amazon est le refuge des auteurs aigris d'avoir été refoulés partout »
« L'autoédition n'a pas de correction ou de travail éditorial »
« Le lecteur peut se fier à une maison d'édition pour avoir trié le bon du mauvais »

Bien évidemment, ces propos sont tenus par des auteurs édités en ME ou par les éditeurs eux-même. Et putain ce que ça m'énerve...

Alors je ne dis pas qu'il ont tort. Il faut le reconnaître, beaucoup d'auteurs indés fournissent des œuvres de qualité plutôt médiocre, car ils ne savent pas spécialement écrire ni n'ont de filtre avant la publication de leurs textes. Mais être publié en ME ne fait pas de vous un bon auteur pour autant.
La plupart des ME choisissent leurs écrivains sur un aspect purement commercial. On en parle de tous ces auteurs qui, 2 fois sur 3, produisent une bouse qui ne se vend que par leur nom affiché en grand sur la couverture ?

Alors attention, je ne dis pas que les ME, c'est le mal. Je dis juste que se faire éditer ou s'éditer soi-même, ça comporte son lot de bon et de mauvais, mais ça n'est en aucun cas un gage de qualité. Il n'y a qu'à regarder les notes de certaines œuvres sur les différents sites de vente.

Mais ce que j'aimerais, c'est qu'on arrête de salir l'indépendance sous prétexte d'avoir été soi-même choisi par une ME, ou en faisant des généralités. Certains auteurs (dont moi) ont fait le choix dès le début de ne pas envoyer de manuscrits et de publier eux-même, tout en étant attentifs à la qualité de ce qu'ils produisent. Car oui, il est possible de fournir de la qualité en étant indé !

Donc merde à la fin. Arrêtez votre putain de condescendance et ne mettez pas tout le monde dans le même sac, en laissant principalement parler votre ego, surtout quand les retours de vos lecteurs sont loin d'être élogieux. Comprenez que ce ne sont pas les ME qui feront de vous un bon auteur, ce sont vos lecteurs. Ce sont EUX, la clé de votre succès et le gage de votre qualité. Et c'est valable quelque soient vos choix de publication, d'ailleurs.

Donc...
Oui, il est possible d'être indé sans être aigri !
Oui, il est possible d'être indé sans avoir été refoulé !
Oui, il est possible d'être indé en produisant de la qualité !
Non, il n'est pas acceptable de se faire traîner dans la boue parce qu'on n'a pas été choisi par une ME !
Non, être édité en ME ne vous rend pas meilleur qu'un indé !
Oui, il est normal d'attendre le respect, quelque soit notre situation !
Oui, je suis en colère de voir toujours ce même point de vue !
Oui, je clame mon indépendance, même si ça doit me porter préjudice !

Commentaires

  1. C'est le genre de conversation entre jaloux qu'on surprends à la machine à café ... Je ne suis pas étonné de ce comportement enfantin perso. Mais le faire à la vue de tous sur twitter bonjour la e-réputation pour le coup ...

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    1. Ce n'était pas sur Twitter mais dans un groupe fermé, donc à l'abri des regards indiscrets (enfin pas tous ^^)

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  2. Quand on a un peu idée de comment sont organisées et structurées les Instances de Consécration, quand on a idée à qui appartiennent les réseaux, quand on sait comment on fait la promotion de livres de Maisons édités, quand on a quelques mauvaises pensées sur les services rendus etc, on ne verse pas forcément dans l'aigreur quand on s'auto-édite. Non, on oppose à tout ça un grand rire nietzschéen et on fait ce qu'on doit faire : écrire, s'auto-éditer ( un peu de pub ici adrienwalpole.com ), faire le Voyageur de Commerce littéraire pour tenter de rentrer dans ses frais en vendant via ses abonné(e)s de blog, de compte Twitter, de ses connaissances etc ses 150 exemplaires.

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    1. Je dois reconnaître que ce qui m'a poussé à devenir indépendant, c'est avant tout le refus du système d'édition "traditionnel". Je ne le dénigre pas, il a aussi ses avantages. Ce n'est pas pour rien que de grands auto-édités finissent en ME. Je dis juste qu'il ne correspond pas à ma vision des choses et qu'un auteur indé a autant de mérite qu'un édité :)

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  3. Grégory Bryon, j'ai de plus en plus plaisir à lire des auto-édités pour une simple et bonne raison : c'est la surprise totale ! La liberté en action. On sait que l'auteur peut vraiment se lâcher. On tombe sur des pépites, pas toujours très lissées. Seuls les grands auteurs des grandes maisons d'édition peuvent se permettre d'aller loin, très loin dans la liberté d'écriture. Les auteurs ordinaires en ME sont bridés (de la cohérence et de la fuidité, que diable !), placardisés je dirais. Je continue à écrire en indé, et je ne souhaite être publiée, éventuellement, que dans une maison d'édition qui respecte ses auteurs, s'en occupent, et veillent à les rémunérer au moins autant que le livreur du réseau de distribution, lequel a droit à son SMIC horaire. Heureusement, il y en a. Et je revendique le droit de publier un livre, comme un musicien moyen a le droit de faire un petit concert dans un bar sympa qui ne paie pas de mine. Bref, je reste optimiste et vois l'auto-édition comme une gare de triage qui va certainement hausser le niveau des maisons d'édition. J'entends bien des propos élitistes, je vois bien que les gens ont besoin d'une référence, d'une institution pour s'autoriser à penser. Je sais, ô combien, les gens ont besoin d'un petit caporal coincé au fond de leur cerveau, pour profiter d'un livre. Mais merde, quel plaisir de dénicher des pépites auto-éditées, peut-être encore plus quand elles sont noyées un océan de blabla ... Ceux qu'on appelle les mauvais auto-édités sont certainement ceux qui singent les formats narratifs recrachés par des générations de censeurs. Pour ma part, à force d'écrire, je m'autorise de plus en plus de choses et ça fait toujours plaisir de partager avec des lecteurs. L'art n'est pas un domaine réservé à des gens qui habitent ici ou qui fréquentent ceux-là.

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    1. Ne pas devoir ré-écrire mon texte pour correspondre à une ligne éditoriale est probablement l'argument n°1 qui m'a poussé vers l'indépendance. Je comprends l'intérêt d'un tel mode de fonctionnement mais je trouve dommage de devoir repasser sur un texte plusieurs fois, quitte à l'en délaver de ses fondements.
      Pour moi, écrire est un art, un mode d'expression. Je n'ai pas envie qu'on modifie mes œuvres pour qu'elles plaisent, je veux qu'elles trouvent leur public par elles-même, pour ce qu'elles sont. Et tant pis si ça ne plaît pas au plus grand monde (bon, j'aimerais quand même que ça soit le cas, faut pas se mentir ^^), je veux avant tout qu'elles soient telles que je les ai imaginées.

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  4. J'ai moi même chroniqué des auteurs édités en ME et en auto-édition, et il y a du bon et du mauvais dans les deux camps ... C'est assez révoltant de lire ce genre de choses, surtout quand on sait que normalement l'écriture est avant tout une passion. L'auto-édition comme tu le souligne n'est pas forcément gage de mauvaise qualité, et quand on sait combien gagne un auteur par vente dans une maison d'édition, je comprend qu'on souhaite se débrouiller seul pour toucher ce qui revient de droit au principal intéressé : l'auteur. Personnellement j'espère qu'à travers mes chroniques, les personnes changeront petit à petit d'avis sur ce monde encore trop inconnu qu'est l'auto-édition. Et continuer à promouvoir des personnes qui le méritent. Merci pour cet article coup de gueule, j'espère qu'il permettra de remettre quelque pendule à l'heure !

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    1. Le pourcentage des droits doit sûrement être la raison n°2 de mon indépendance ;)

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  5. Un discours qui change petit à petit quand on voit le nombre de ME de plus en plus important recruter parmi les auteurs indés. Et quand les auteurs édités sont assez malins pour voir le bénéfice à s'autoéditer pour le numérique, je peux vous assurer que ça les fait réfléchir, et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir franchir le pas. Un échange dans les deux sens donc, qui va bien faire infléchir ce discours.
    De toute façon, le plus important, ce ne sont pas les ME ou les auteurs édités, mais les lecteurs !! Pour le reste, la bave du crapaud...

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    1. Il n'est pourtant pas rare qu'un auteur auto-édité choisisse de passer en ME quand l'occasion se présente. Semblant de rien, être indé implique une plus grosse charge de travail, dans des domaines qui ne nous intéressent pas forcément. Beaucoup sont ravis de ne plus avoir affaire à ce genre de tâches.
      De plus, beaucoup d'écrivains ont ce mode de pensées que "être édité est la seule voie viable et gratifiante". Mais comme tu le soulignes, ils ont tendance à oublier que la gratification vient des lecteurs avant tout ^^

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  6. Sacré coup de gueule! Je le partage car dans un sens nombre de lecteurs ont peut de l'auto-édition, bien sûr la peur est relative mais cela fait référence à notre discussion de jeudi. Fut un temps, Amazon a été le refuge de celles et ceux qui se sont lancés dans l'auto-édition, il faut juste que les gens comprennent qu'Amazon est une plateforme relais comme un autre, que chacun peut y vendre à peu près ce qu'il veut. Le lecteur doit essayer de faire la différence entre le bon et le moins bon, ce qui n'est pas toujours évident. Comment repérer un bon auteur dans l'océan de noms que comporte internet ? Ce n'est pas chose aisé, alors ce qui est difficile est également critiqué afin de devenir presque inaccessible. M'enfin! Certains blogs se développent et prône l'auto-édition, de plus en plus de blog comportent la bannière " je soutiens les auto-édités", preuve que le phénomène prend de l'ampleur et tend à gagner en considération. De la même manière, les bons auto-édités gagneront sans doute en visibilité et le potentiel lecteur aura plus de ressources en main pour faire son choix ;)

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    1. Je suis d'accord que les lecteurs (ou chroniqueurs) se tournent de plus en plus vers l'auto-édition, ce qui est super. Mais c'est loin d'être une norme et l'indépendance a toujours une sale image aujourd'hui vis-à-vis du grand public. Espérons que ça changera dans un avenir proche ^^

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  7. Entièrement d'accord sur toute la ligne, d'ailleurs voilà 2 ans que je ferraille pour défendre, y compris contre des blogueurs institutionnels, l'autoédition et sa liberté d'expression.
    Ce qui ne m'empêchera pas de pousser des coups de gueule, aussi, contre les autoédités qui proclament qu'ils s'en foutent (sic) de publier des manuscrits bourrés de fautes et de platitudes, parce que ça se vendra quand même et que le français correct, c'est un truc pour les vieux cons.
    À côté de cela, je tacle aussi la politique de publications par les ME de daubes à forte rentabilité, ou de "littérature" pédante promue entre copains.
    J'en profite pour répondre à Vane Kien qu'appeler à l'autoexigence, ce n'est pas appeler au contrôle ou au formatage.
    Enfin, je rappelle que, tant que rien ne sera mis en place (ne serait-ce que des recommandations) pour qu'ils puissent accéder facilement à des ouvrages proprement écrits, les lecteurs exigeants seront frustrés et cela fera du tort à l'autoédition.
    Bien amicalement,
    Elen

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    1. Entièrement d'accord. Ce sont les bouses qui font du mal au métier (bouses avec ou sans maison d'édition, d'ailleurs). merci Elen.

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    2. "Ce qui ne m'empêchera pas de pousser des coups de gueule, aussi, contre les autoédités qui proclament qu'ils s'en foutent (sic) de publier des manuscrits bourrés de fautes et de platitudes, parce que ça se vendra quand même et que le français correct, c'est un truc pour les vieux cons." Je passe régulièrement pour un vieux con (la dernière fois, c'était y a quelques jours), mais c'est pas grave. Pour tout le reste, je suis d'accord avec toi.

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